mardi 9 mars 2010

Premiers émois, premiers plaisirs, dans les bois



C’était l’été, il faisait très chaud, plein de soleil, je me promenais sous les arbres sans savoir exactement à quoi m’attendre, un je ne sais quoi au ventre. Sans trop savoir, mais tout même entraîné, irrésistiblement entraîné, par la réputation sulfureuse de ce bois, non loin de la capitale. Ah, ce fabuleux bois des merveilles, peuplé d’animaux étranges, qui me ressemblaient. J’avais 16 ou 17 ans, presque puceau à la vie, ruisselant d’hormones, dans mon tee-shirt légèrement mouillé de sueur, et dans mon bermuda de nylon jaune, je déambulais à la recherche d’émotions fortes, inconnues, d’un dévergondage, d’une mise à feu.

j’étais bien à la recherche d’un homme. Un homme des bois avec un sexe, un bas-ventre, un entrecuisse, un volume, là.


À l’époque, je ne vivais pas vraiment mon homosexualité, j’étais jeune, pas fini (le suis-je aujourd’hui ?). Même si je n’assumais pas, il n’y avait pas de doute, cet après-midi là, j’étais bien à la recherche d’un homme. Un homme des bois avec un sexe, un bas-ventre, un entrecuisse, un volume, là. Une masse mâle et lourde, chargée de foutre, de vie, d’amour. Je vadrouillais, je n’avais pas les codes, juste ma jeunesse. Je ne pouvais pas compter sur mon expérience, car inexistante, je m’en remettais donc totalement à mon destin et mon instinct. Ma vie sexuelle débutait, prenait son envol, le plus simplement (ou naïvement) du monde, comme ça, comme une énergie qui nous arrive un jour, un beau matin.

Et je tombe sur ce type, comme un gisement de chair et de sang au milieu d’un bosquet. Il devait être Grec, un peu basané, le corps chaud de soleil, il se touchait le sexe, me le montrait. Il me regardait, sans un mot, il me disait vient… Tout en se touchant voluptueusement la bite, il me disait vient me toucher, vient me faire jouir. Je tourne, je vire, je panique, je m’éloigne, pas trop, je reviens, je me dis que c’est le moment.

Je savoure ce moment de voyeurisme total, le tout premier ! Il est à deux mètres de mes attouchements visuels.


Je le regarde, je regarde son sexe en érection, sa grande main d’homme mûr enserrer son membre, le mouvement de ses bourses, qui vont et qui cognent sur l’intérieur de ses cuisses. Je contemple sa peau qui brille dans les zones de lumières filtrées par le feuillage. À l’arrêt, je scrute son grain de peau, ses poils aussi, je le touche… presque, si, si, je le touche de mes regards furtifs, je suis fabuleusement troublé, transporté. Je savoure ce moment de voyeurisme total, le tout premier ! Il est à deux mètres de mes attouchements visuels. Je suis bouleversé, bringuebalé entre cette décision que je n’arrive pas à prendre et ce désir intense qui gonfle en moi. Je suis un animal sauvage, en rut. Tout près de la chose, tout près de ce qui fait de moi un être humain, tout près de Dieu.

Ne connaissant rien de cette expérience de la tentation, je savais cependant, d’avance, que je ne pourrais pas résister longtemps. Putain que son regard est accueillant, son offre humaine. Dans un geste d’attisement, il se découvre le torse en remontant son tee-shirt et en le passant derrière sa tête. Il est nu, sa poitrine, son ventre, son nombril, tout cela devant moi. Cet homme me veut, ici et maintenant, je le veux moi aussi. Je me lance, je m’avance, intimidé, à la merci de ses intentions. Je m’approche, je m’en remets à lui. Il me prend dans ses bras, m’enlace, me presse lentement de son corps nu… contact. Je suis sous le choc de l’étreinte, je me souviens de son odeur de transpiration, un peu piquante, un peu aigre. Je me souviens très bien de cette odeur de sueur, elle était d’un érotisme absolu, à la fois ancienne et nouvelle, le contexte était nouveau.

mon sexe en érection jaillit de sa cache, frappe et embrasse sa jambe.


Avec les deux mains, il descend mon short qui ne résiste pas, mon sexe baveux en érection jaillit de sa cache, frappe et embrasse sa jambe. Je mouille comme jamais, je découvre mon corps dans ce contexte inédit, entouré de nature. Sa main gauche sur mes fesses, il se caresse, se branle, et crache dans la seconde. Enivré de son odeur de mâle, tout absorbé à la vue de son sperme translucide, mon bras enlaçant son dos humide, je me branle à peine, l’orgasme monte et je crache dans la seconde moi aussi.

Après je ne sais plus très bien, je suppose que je suis revenu à moi… plus tard, je suis revenu de ce tabou infranchissable, de cet échange initiatique, du passage du seuil du Royaume des Hommes. J’ai dû rentrer à la maison, les esprits replets de savoureuses aventures, d’équations sensuelles. J’ai dû rentrer à la maison enrichie de ce nouvel alliage, emprunt d’alchimie. Nous avons lui et moi, dans ce bosquet, transmuté du plomb en or.